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L'école à la maison (I.E.F.) : comment ne surtout pas faire comme à l'école ?

Nous nous retrouvons pour un second rendez-vous avec l'ambition d'entamer une longue série dédiée à nourrir vos capacités d'observation des enfants. Le motif est double, comme j'ai tenté de l'expliquer brièvement au cours de mon précédent post : chaque être a réellement un chemin d'apprentissage qui lui est propre et en tant qu'adulte, si nous voulons contribuer à ce chemin, il est essentiel d'être en capacité de repérer cette diversité. C'est là le moyen de le nourrir et de lui permettre de développer ses facultés naturelles d'apprentissage.


Un cerveau, une multiplicité de fonctionnement


L'être humain est à la fois universel et individualisé. Nous naissons biologiquement, quand tout se passe bien, avec le même potentiel cérébral, soit des millions de neurones qui attendent que les connexions se fassent. Ces connexions s'opèrent grâce aux expériences de vie de chacun. Par contre les neurosciences nous expliquent aussi que chaque individu montre des particularités dans son fonctionnement cérébral dès la naissance. Le mode de perception de l'environnement, les formes de représentation de ces perceptions et les stratégies d'action qui découlent des représentations vont s'articuler autour de ce que l'on appelle communément le "caractère", "la personnalité" de chacun. Ce "caractère" va se forger au cours des expériences de vie d'un individu mais pas que !! Dès la naissance, le particularisme de chacun s'affiche et notamment autour de la perception de l'environnement. Si vous avez plusieurs enfants , il est aisé de voir que l'un est plus sensible aux sons alors que l'autre est plus réceptif lorsqu'il peut voir la chose dont vous lui parlez. Cette diversité ne se limite pas au mode de perception et nous devons à Howard Gardner* un concept bien utile pour contribuer à l'apprentissage des enfants : "les intelligences multiples"**. Chaque être organise sa compréhension du monde au travers d'un prisme qui lui est propre. La façon de s'exprimer de son interlocuteur, les matières, le type de problèmes posé...vont être reçus et traités complètement autrement suivant le type d'intelligence. Si vous donnez un cours à un élève qui développe une intelligence kynestésique sans lui permettre de participer avec ses mains, un engagement physique, au mieux il n'exploitera pas à 100% les contenus que vous apporterez au pire il ne comprendra rien! Les chirurgiens développent souvent ce type d'intelligence ; il faut qu'ils mettent les mains dans le cambouis ;-). Il n'y a aucun classement des 8 types d'intelligence, juste un outil d'observation où chaque type à une place équivalente.


Lorsqu'en tant que pédagogue, on réussit à s'ouvrir à cette incontournable réalité que sont les intelligences multiples, il devient évident qu'un enseignement qui s'articule autour d'un, voire deux types d'intelligence, exclut d'un apprentissage constructif tous les enfants qui relèvent des autres types. C'est le cas de l'école publique. La priorité est faite à l'intelligence logico-mathématique (permet de faire des liens de cause à effet) et à l'intelligence linguistique (tout passe par le verbe). Le fait d'être plus porté vers l'un ou l'autre type d'intelligence ne remet pas en cause la finalité qu'est de savoir résoudre un problème ou lire ! Le soucis réside dans les moyens offerts aux élèves pour apprendre à résoudre des problèmes et à lire. De plus, lorsqu'un énoncé de contrôle des connaissances fait lui aussi appel à un certain type d'intelligence, la note ne reflètera pas la maitrise d'une matière mais simplement la non-compréhension de l'énoncé ! De fait, une sélection s'opère car c'est comme si les questions étaient, pour certains, posées dans une langue étrangère (le simple fait que les questions soient exclusivement écrites et non lues par le prof par exemple est pour certains pénalisant).


Un second positionnement de pédagogues est de présenter à l'enfant un panel de matières suffisamment différentes (intellectuelles, manuelles, artistiques) pour que chaque type d'intelligence trouve "sa nourriture". Et dans ce cas on peut avoir deux positionnements différents, voire les mixer.

Soit les matières ne sont pas apprises nécessairement pour leur contenu mais pour ce qu'elles permettent de développer comme capacité en chacun. Dès lors l'enfant est obligé de suivre toutes les matières car le pédagogue considère qu'il ne faut pas se spécialiser mais goûter à tout pour nourrir l'ensemble des facultés de l'être humain. Dans ce cas on considère que l'enfant n'est pas en capacité de choisir sa "nourriture" mais que le pédagogue sait ce qui est bon pour lui.

Soit on considère qu'une matière correspond complètement au mode d'intelligence d'un enfant et on le laisse librement s'en nourrir, confiant qu'il sait ce qui est bon pour lui. La confiance réside aussi dans l'idée qu'apprendre est naturel pour l'être humain et que spontanément et avec enthousiasme, un enfant non contraint d'apprendre ira de lui-même vers plusieurs matières.

Dans ces deux modes de fonctionnement pédagogiques la matière enseignée est au centre. C'est elle qui permet à l'enfant de se lier à l'apprentissage selon son type d'intelligence, d'exercer ses facultés d'apprentissage transversales.


Mon expérience me fait développer encore une autre proposition pédagogique.

Peu importe le nombre de matières, c'est le chemin pour aller vers une matière qui doit être diversifié. Si je procède de cette façon ( la diversité des chemins), au travers d'une seule matière ou plutôt autour d'une "activité", je peux permettre à chaque élève de trouver sa porte d'entrée et d'exercer l'ensemble de ses facultés d'apprentissage. Quand vous cuisinez avec des enfants (et je l'ai fait dans des classes !) vous pouvez travailler les mesures, les fractions, la lecture, l'orthographe, la géographie, la biologie, la chimie...Toutes les attitudes peuvent être valorisées : celui qui minutieusement découpe les légumes, range le plan de travail, veille à dresser avec soin la table, celui qui va chaque fois transformer la recette pour découvrir de nouveaux goûts ou pour se lancer un défi ou encore celui qui veille à organiser l'ensemble des tâches pour que tout soit prêt en même temps. On peut aussi fonctionner ainsi dans un cours d'histoire (si vous craigniez de vous perdre dans une activité ou si vous êtes à un moment où vous voulez formaliser des connaissances) par exemple. Vous pouvez vous appuyer sur le champion des dates capable de ranger dans l'ordre chronologique les 10 évènements développés dans le cours ou sur le littéraire qui va vous faire une description "photographique" d'une seigneurie du moyen âge...Pour que cela soit possible il me semble essentiel d'avoir amené les contenus par différents chemins (écrire, raconter, dessiner, énumérer des détails réalistes, évoquer des images, visiter des musées...) et avoir plaisir à ce que chaque élève enrichisse vos contenus pour le groupe. Il ne s'agit pas d'être parfait en tant que prof, surtout pas !! Mais plutôt de créer un espace collaboratif ou chaque type d'intelligence va nourrir l'ensemble. "Être à l'école" devient alors synonyme de participer "comme il est" à la vie sociale d'un groupe, d'une famille et ça croyez-moi, c'est ce qu'il y a de plus naturel pour un petit ou plus grand être humain.


Mon prochain post sera consacré au lien entre modes d'apprentissage et âges.


A bientôt !


* Les 8 intelligences multiples est un concept développé par Howard Gardner. je vous propose en lien une interview de cet homme https://www.youtube.com/watch?v=VXEe3QoYON8

**ainsi qu'une synthèse qui peut vous permettre d'observer votre enfant à partir de cette notion http://www.intelligences-multiples.org/intelligences-multiples2/les-8-types-dintelligences/

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